[PV:Adrastée] L'ombre de la mort [Finish']

Le ciel grouillait de nuages noirs, parcourus de faibles éclairs. Il allait pleuvoir pour sûr. Le temps idéal pendant une bataille... effacer les odeurs du sang et de la transpiration de ces gros porcs de soldats trop habillés pour assurer un minimum d'agilité. Je baissai les yeux encore une fois sur la lettre que je n'avais pas lâché. Le sort de téléportation marchait vraiment mal. Être téléportée au premier mot alors que le contenu disait au dernier mot... J'étais encore en pyjama d'été du centre de réhabilitation. Le pensionnat devait se situer plus dans le nord car il y avait quelques degrés de moins. Je me massai l'épaule droite. Un sourire m'échappa. Finalement, ma vie était cool. Dédommagée par l'État durant le restant de mes jours, ça valait le coup d'être capturé par le pensionnat militaire. En plus, j'avais échappé au contrôle de ces infirmières insupportables. Il fallait que je refasse ma garde robe à présent. Parce que le rose pâle, non merci !

Je remuai mes doigts de pied dans les pantoufles à oreilles de lapin. Quel ennui ! Et quel accoutrement désolant que j'ai dû supporter durant ces deux années... J'étais coincée devant ce fichu portail depuis une minute et l'agacement commençait à se pointer. Que faire pour entrer ? Il y avait marqué "en réparation" sur la sonnette. Bonjour l'accueil ! Une tonne d'idées me vint en tête. Et si je le détruisais, ce vilain portail agaçant qui me barrait la route ? Hmm, ce serait trop bourrin. Il faudrait une manière plus douce... Je lui arracherai un par un ses barreaux, puis je taperai ses gonds avec et en planterai un dans la sonnette. Pas mal. Les runes sur mes bras s'allumèrent en même temps que mes pupilles. Alors que j'allais agir, j'aperçus une femme qui me regardait, adossée à un arbre de l'intérieur. Je restai immobile. Une goutte s'écrasa lamentablement devant moi, suivie d'une autre et encore d'une autre. Bientôt, ce fut un épais rideau gris qui me gênait la vue. Le tonnerre gronda au loin. Mon sourire revint de plus bel.

-Bonjour, ojo-chan, m'ouvrirais-tu la porte ? Il ne fait pas très beau ici.

Un éclair fendit le ciel. Je n'avais pas désactivé les runes au cas où elle refuserait. Je n'aurais alors pas d'autre choix que d'utiliser la méthode que j'avais élaboré. La réponse ne vint pas tout de suite. De toute façon, j'étais déjà trempée alors dix gouttes de plus ou dix gouttes de moins, ça ne changerait pas grand chose. Une information parvint à mon cerveau. Elle me communiquait une horrible sensation. Comment s'appelait-elle déjà ? Je me passai un main sur le bras. Je senti de petits boutons: la chair de poule.

Ah oui, le froid.

Le ciel était sombre. Nous approchions pourtant de l'après-midi mais le ciel ne voulait pas changer. Une averse se préparait. Adrastée soupira. Elle aimait ce genre de temps mais elle n'était pas d'humeur maintenant. Cela faisait quelques jours qu'elle n'avait rien trouvé pour jouer et ça la désespérait. En plus de cela, Fukuwa faisait la tête et il ne l'avait pas accompagné pendant sa balade. Elle continua de marcher jusqu'à qu'elle eu trouvé un arbre. La zombie allait pouvoir décompresser et oublier ce qui venait de se passer. Elle se posa donc contre l'arbre et ferma son œil. Pour une fois elle ne rêvait pas. Ce qu'elle voyait était vide. Sa pouvait être du noir, ou du blanc, elle n'arrivait pas à distinguer ce qui se passait dans son rêve. Ce qui la réveilla fut une faible lueur venant de l'extérieur, puis le bruit de la pluie qui tombait. Adrastée se leva lentement.

«Bonjour, ojo-chan, m'ouvrirais-tu la porte? Il ne fait pas très beau ici.»

«Oh...?» La plus vieille haussa un sourcil. Elle fut assez étonné de la politesse de la jeune fille et la détailla. Maintenant, qu'elle avait trouvé un nouveau jouet dans ce pensionnat, elle allait s'y donné à cœur joie! Un sourire narquois naquit sur ses lèvres. En ce moment même, la zombie ne voulait pas que le jeune fille accède à sa requête. Elle voulait juste s'amuser. Son regard se posa que le jeune fille et celle-ci put admiré ces dents.

«Dis-moi ma belle, tu penses pouvoir survivre à ce temps de merde?»

La mort. C'était l'un de ces jouets préféré. Elle adorait plaisanter avec sa et jouer avec. C'était aussi l'une de ces fascination favorite. Entre la mort, la torture et le sang, tout n'allait pas rond dans la tête de la vieille. Bref! Adrastée fut assez satisfaite et se retourna. Elle venait de trouvé un parapluie. Même si c'était pas violent, elle allait s'amuser à narguer la jeune fille.

La femme me regarda avec un sourire qui découvrait sa mâchoire. Sa peau n'était pas de couleur normale ou alors c'était la pluie qui déformait ma vue.

-Ojo-chan, tu as de belles dents dis donc. J'en serai presque jalouse. Quel bruit font-elles lorsqu'on les broie ? Je me demande...

Dans ma tête, j'entendis presque cet agréable bruit... Puis mes yeux furent attirés par son chiffre. Il était déteint et affichait 0000. Un mort vivant ? C'était la première fois que j'en croisais un mais avec tout ce qui est possible dans ce monde.

-Dis-moi ma belle, tu penses pouvoir survivre à ce temps de merde?

Aussitôt, elle se retourna et attrapa le manche d'un parapluie. Les baleines s'ouvrirent, le tissu se tendit et le manche se posa sur son épaule. Quelle impolitesse. Ça me donnait plus la haine que de l'amusement et mes yeux s'éteignirent.

-Tu ne devrais pas parler comme ça, ojo-chan. Ça gâcherait ta beauté.

Je me frottai les yeux. L'ennuie revenait. Elle n'était pas très courtoise la demoiselle. La pluie ne cessait de frapper le sol avec force. Qu'est ce que je pouvais faire ? Je levai la tête et restai un long moment sans bouger, m'étant isolée dans ma tête afin de me mettre à l'abri de ce martèlement. Je n'entendais plus rien. J'étais dans mon monde. Que faisais-je avant de rencontrer cette femme ? Ah, je pensais à un plan pour entrer. Qu'était-ce déjà ? Hmm... j'ai vraiment la mémoire courte. Oh, ça me revient. Un truc comme briser les barreaux un par un. Héhé.

J'ouvris mes paupières. Mes iris brillaient déjà. Les runes autour de mes bras qui s'étaient entre temps éteintes se rallumèrent ainsi que celles sur mes jambes. En une fraction de seconde je me retrouvais nez à nez au portail. Je refermai mes doigts sur l'un des barreaux.

-Ce n'est pas un temps qui me tuera, ojo-chan. Puisque tu n'as pas la gentillesse de m'ouvrir ce portail, je vais devoir exécuter ce que j'avais l'intention de faire avant que je ne te rencontre.

Un large sourire déforma presque mon visage tandis que ma poigne tordait doucement le fer.

La plus vieille continuait d'avoir sur regard sur la plus jeune. Elle avait attirer son attention. C'était comme si les deux se ressemblait et qu'elle se battait pour avoir la victoire.

«Tu ne devrais pas parler comme ça, ojo-chan. Ça gâcherais ta beauté.»

«Oh...?» Adrastée rit. Elle rit jusqu'à ne plus pouvoir. Elle, être belle? Nan mais elle délirait la petite ou quoi? Des larmes perlèrent sur ses joues, au fur et à mesure qu'elle rigolait. Elle n'en pouvait plus. C'était pas la blague du siècle mais sur le coup ça l'avait tué. Ce qui la calma instantanément fut la lueur qui l'avait réveillé un peu plus tôt.

«Ce n'est pas un temps qui me tueras, ojo-chan. Puisque tu n'as pas la gentillesse de m'ouvrir ce portail, je vais devoir exécuter ce que j'avais l'intention de faire avant que je ne te rencontre.»

«Oh...?» La morte-vivante sourit quand elle vit la jeune fille sourire à s'en déformé le visage. Finalement, elle allait vraiment pouvoir bien s'amuser avec cette petite. Elle fit prendre au parapluie une forme étrange, enfin pas si étrange que sa, puisqu'elle avait des intentions derrière la tête. Celui-ci ressemblait maintenant à une lance. La zombie enleva son cache-œil et étira de nouveau un sourire. Sans prévenir, elle lança son parapluie modifié dernière génération en direction de la jeune fille. Elle ne la visait pas directement, puisque son but à la base était de s'amuser avec la plus jeune. Le parapluie modifié dernière génération s'écrasa juste à côté du barreau tordu.

«Doucement, ma belle. Pas besoin de s'énerver sur un pauvre portail. Tu sais je pense qu'on va bien s'entendre toi et moi. Et puis tout à l'heure je te disais ça parce que les humains sont tellement vulnérables...»

Adrastée commença à s'avancer vers le portail, tout en gardant le sourire.

Le parapluie se ficha sur le fin morceau de fer tordu au niveau de ma main. D'un coup sec je tirai et le barreau se coupa proprement. J'observais attentivement l'œil qu'elle venait de découvrir. Il était, un peu bizarre à vrai dire. Observer trop longtemps les gens sur un de leur défaut physique était malpoli alors je me tenais de le faire.

-Ojo-chan, tu sais bien viser, susurrai-je.

-Doucement, ma belle. Pas besoin de s'énerver sur un pauvre portail. Tu sais je pense qu'on va bien s'entendre toi et moi. Et puis tout à l'heure je te disais ça parce que les humains sont tellement vulnérables...

Machinalement, je jetai le bout de métal froid. Il fila entre ses compatriotes, frôla l'oreille de la femme, transperça le tronc d'arbre et s'enfonça dans l'herbe mouillé jusqu'à disparaître. Mes yeux ne cessaient de scintiller, comme lorsque je m'apprêtais à décimer un peuple.

-Humain ? Ça faisait longtemps qu'on ne m'avait pas qualifié ainsi. Me l'a-t-on déjà dit seulement ? Non, je ne crois pas. Tu es la première personne. Tu es gentille, quel est ton petit nom ?

Je me léchai les lèvres et gouttai la pluie en même temps. L'eau était plus pure que sur les champs de bataille. Je repoussai une mèche de cheveux qui s'était mise en travers de mon visage. Une série d'éclair traversa le ciel. A chaque éclair, je découvrais un peu plus la femme qui me faisait face. Elle avait les cheveux de la couleur de mon pyjama. La résine de ses yeux était noire. Sa peau était bien bleutée avec quelques trous.

Sans prévenir, la zombie sentit un coup de vent frôlé son oreille. Machinalement, elle enleva son gant et vérifia qu'elle n'avait rien. Celui-ci lui avait infligé une petite coupure qui saignait abondamment. Le soupire, qu'elle lâcha, n'avait pas pu être contrôler. Elle ne ressentait aucune douleur et ça la désolait. Suite à ça, elle haussa les épaules et reposa son regard sur la jeune fille.

«Humain? Ça faisait longtemps qu'on ne m'avait pas qualifié ainsi. Me l'a-t-on déjà dit seulement? Non, je ne crois pas. Tu es la première personne. Tu es gentille, quel est ton petit nom?»

«Oh...?» Maintenant, elle s'intéressait à autrui? Étrange. Enfin pas tant que cela puisque les deux étrangère avaient un peu près les mêmes particularités. Adrastée prit la moue la plus mignonne qui soit et étira un sourire chaleureux.

«Mon nom? Je m'appelle Adrastée et toi ma belle?»

La moue la plus mignonne n'allait vraiment pas à la plus vieille et elle reprit ces airs démoniaques. «A mon avis, cette fille n'aura pas fini de me surprendre.» Elle continua ça progression vers le portail et dès qu'elle arriva à quelques centimètres de la jeune fille, son sourire s'élargit. Après plusieurs minute d'attente, le portail s'ouvrit. Adrastée fit une révérence.

«Bienvenue dans le pire des enfers mon enfant.»

-Mon nom? Je m'appelle Adrastée et toi ma belle?

Je souris. Jamais on ne m'avait donné son nom aussi facilement, d'une manière aussi détachée. D'habitude c'était toujours en balbutiant ou en restant bouche bée de peur ou en courant dans la direction opposée.

-Ojo-chan, tu ne devrais pas donner ton nom à une inconnue. Enfin, puisque je vais me présenter à toi, je n'en serai plus une. Je suis Kumiko.

La jolie bouille qu'avait arboré la femme redevint l'insatiable sourire. Je le lui rendis. Puis elle commença à s'avancer dans ma direction. Je ne la quittai pas des yeux. Elle s'arrêta à quelques centimètres de la porte. La pluie ricochait sur son parapluie. Nous restâmes quelques minutes sans rien dire, à nous regarder dans le blanc des yeux, si je puis-je dire. Finalement, l'ouverture automatique du portail s'enclencha. Adrastée me fit une belle révérence, toujours le sourire aux lèvres.

-Bienvenue dans le pire des enfers mon enfant.

Au mot enfer, je ris à m'en décrocher la mâchoire. Quelle sorte d'enfer était ce nouveau monde ? Découvrons le tout de suite. Mes yeux s'éteignirent d'un coup ainsi que les runes sur mes membres. Je fis un pas vers la mort-vivante.

-Merveilleux, j'ai hâte de découvrir ce nouveau type d'enfer !

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